« Lettre à l’Ancien Monde
Génocide Indigène Brésil 
La violence est un long cycle. Les ordres anciens continuent de résonner et sont maintenant arrivés dans les dernières forêts vierges du monde. 
L’ordre? Exterminer! »

Jaider Esbell a déclaré : « En tant qu’Autochtones, nous sommes déjà sortis d’un processus historique de fin du monde. » 

« Lettre à l’Ancien Monde » fait partie d’un récit visuel dénonçant les horreurs que les peuples autochtones ont subies et subissent encore au Brésil et articulant la nécessité de la décolonisation des musées et autres institutions et espaces symboliques.

« Je suis riche! Et savez-vous d’où vient ma richesse? Vient des terres indigènes de la forêt amazonienne. Oui, c’est de là que je viens. Pour que je sois belle, les indiens doivent mourir nus et ne rien avoir ! » 

Dans l’une de ses dernières interviews, Jaider Esbell a critiqué les institutions artistiques pour ne pas avoir intégré l’art autochtone dans l’histoire de l’art nationale et mondiale. « Il n’y a pas de dialogue », a-t-il dit. « La biennale prend votre travail et vous oublie. »

Après la mort par suicide de Jaider Esbell, son ami, le célèbre artiste Indigène  Denilson Baniwa , a publié dans une lettre ouverte : « Étant donné que l’accueil que le monde occidental nous a réservé a conduit l’un de nous à une fin si grave, je dois réfléchir davantage à quel type de relation que je veux avoir avec l’art occidental. »

Dans cette performance, Jaider Esbell a remis une lettre à la banque UBS de Genève, en Suisse, qui décrivait les droits de tous à vivre sur une planète saine et critiquait les politiques bancaires complices de la déforestation et de l’écocide criminel.

L’artivisme de Jaider Esbell : Résistance artistique contre l’extraction de l’or dans les terres Indigènes, la destruction de la forêt et l’attaque continue contre les cultures Indigènes…

Je me demande comment Jaider Esbell – qui s’est défini comme un “artiviste” et a utilisé son génie créatif pour exprimer une critique militante de la culture hégémonique de la colonisation et de son concept de l’art comme arme dans la lutte pour les droits indigènes à la terre et la reconnaissance culturelle – réagirait en voyant ses œuvres utilisées par la société Cartier – marchand de bijoux, montres et accessoires de luxe en or et diamants – à des fins de manipulation ; l’éco-blanchiment de leur marque?

J’ai posé cette question à un artiste indigène et ami activiste au Brésil et il a dit que Jaider Esbell n’aurait jamais accepté cela.

Bien sûr, les œuvres d’art de Jaider Esbell que Cartier a achetées pour leur collection sont parmi ses plus poétiques ; des peintures liées à la nature et aux esprits qui ne confrontent pas directement le colonialisme et le capitalisme que Cartier représente. 

La Biennale de Venise a présenté également le travail lié à la nature et à l’esprit de Jaider Esbell jusqu’au 27 novembre 2022.

Jaider Esbell avait espéré organiser une écologie de l’art Indigène en parallèle aux institutions et galeries issues du colonialisme et du capitalisme car : « Elles veulent fantasmer et déguiser, déformer, adoucir nos propos. Nous sommes dans ce combat, un combat pour la vie, pour notre territoire. » 

Et le monde de « l’art » est si habile à s’arroger des intentions socio-politiques et à les exploiter…

Quant à l’or et aux diamants : Dans “Utopía” de Thomas More, publié en 1516, l’or et les pierres précieuses n’ont aucune valeur. En effet, ils portent le poids du sang, de l’esclavage et de la folie humaine

Dans la continuité de plusieurs décennies de l’écoblanchiment “greenwashing” pour l’entreprise de bijoux, montres et accessoires en or qui l’a créé et l’entretient, la Fondation Cartier pour l’art contemporain a encore présenté une nouvelle exposition orientée “nature” ​​Les Vivants dans le cadre de lille3000, Utopia – “Utopia”? – au Tripostal à Lille, France jusqu’au 2 octobre 2022.
Ils ont déclaré : “ainsi s’étend une série d’expositions de la Fondation Cartier interrogeant la place que l’homme occidental s’est arrogé au sommet d’une prétendue pyramide des vivants et des peuples.”
Selon la Fondation Cartier, l’exposition “propose de transporter notre imaginaire au-delà de l’anthropocentrisme afin de réinventer, avec empathie et humilité, une nouvelle cohabitation terrestre avec les plantes et les animaux.”

Ils ont ajouté que “Le cœur de l’exposition est une collection d’œuvres d’artistes amérindiens contemporains… Leur expérience d’une relation de parité entre les êtres vivants, humains et non-humains, constitue une tradition immémoriale dont nous avons tout à apprendre à cette époque de crise écologique. »
Et que la Fondation Cartier « développe depuis plus de vingt ans un programme qui explore les grands enjeux écologiques actuels… qui invitent à porter un regard renouvelé sur la beauté et la vulnérabilité du monde vivant.”

Les commissaires de cette exposition étaient : Bruce Albert, anthropologue et consultant pour Cartier et Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier.

L’écologie et l’industrie de l’or ? Vraiment? Pourrait-il être plus précisément considéré comme la Mort de la Nature et des peuples Indigènes pour la marchandise d’or et de diamant ? !

La vie de Jaider Esbell m’inspire pour paraphraser Maïakovski du « Décret à l’armée de l’art » :
« Lance tes mots comme une bombe ! »